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Association Yogananda

Cours individuels et collectifs de Natha-Yoga sur Vannes - Stages - Cycles d'études

novembre 2012: quelque part au bord du Gange

Publié le 31 Octobre 2012 par association-yogananda

Quelque part au bord du Gange….

 

 

Depuis toujours les grands Maîtres spirituels, toutes traditions confondues, ont souvent utilisé des contes, légendes et paraboles pour mieux faire comprendre leur enseignement ou aborder un point de doctrine complexe.

 

L’histoire racontée ci-après est l’une d’entre eux.

 

Chacun y trouvera ce qu’il y cherche….

 

Deux Yogîs marchaient le long du Gange, les écritures sacrées à la main et discutaient d’un point de doctrine ardu.

 

L’un d’eux était très âgé. Son corps musclé par la pratique intensive du Yoga lui donnait un pas agile, alerte et déterminé. Son intelligence était vive, ses mots rares et choisis trahissaient de longues années de pratiques et de méditation. Sa voix était ferme mais le ton respirait la tolérance. Ses yeux étaient pleins de bonté et de compassion. Il rayonnait de son être la tranquillité des sages qui, par leur ascèse, sont hors de notre temps mais qui y demeurent encore un peu pour aider le genre humain dans ses nombreuses épreuves….

 

Le second, son disciple, était jeune. Son engagement sur la voie du Yoga était très pur et déjà le fruit de longues années de réflexion.

Son corps était d’une grande souplesse et il s’en dégageait une grande force. Sa respiration était profonde et son regard lumineux. Sa soif d’apprendre était insatiable. Ses sens guettaient la moindre occasion de recueillir un enseignement.

Son engagement était d’une grande sincérité et il vouait une grande foi en son Maître.

 

Alors qu’aux nombreuses questions, le Maître répondait avec patience, ils virent au loin une jeune femme en pleurs au bord de la rivière, un panier de linge à la main.

 

Dans leur tradition, les deux Yogîs étaient des renonçants et avaient fait vœux d’abstinence.

 

Le plus jeune baissa son regard afin de ne pas croiser celui de la jeune femme.

 

Son mental fut sous l’emprise d’une grande confusion, partagé entre un sentiment de compassion devant la souffrance de cette jeune femme, son envie de l’aider et les exigences de sa tradition proscrivant de croiser le regard d’une femme et encore moins de l’approcher….

 

Le Maître n’hésita pas une seconde et alla s’enquérir auprès de la jeune femme des raisons de sa tristesse.

 

Elle lui expliqua qu’elle habitait le village de l’autre côté de la rivière et qu’au matin, elle l’avait traversée pour rejoindre le lavoir en amont avec son panier de linge.

 

Mais, en début d’après midi, un orage violent s’était abattu en cette période de mousson sur la région et il régnait maintenant un fort courant dans la rivière.

 

Ne sachant pas nager, elle craignait de la retraverser et ne pouvait rejoindre sa famille.

 

Le Maître regarda un instant la rivière puis s’assis en lotus, pratiqua le prânâyâma pendant quelques minutes et se releva, les yeux pleins de lumière.

 

Il se tourna vers la jeune femme, la regarda avec une telle bonté qu’elle sentit instantanément qu’elle pouvait lui faire confiance.

 

Il l’a pris sur ses épaules, s’enfonçât dans la rivière, marcha tête sous l’eau pendant un long moment, pour l’amener de l’autre côté.

 

Arrivée sur l’autre rive, la jeune femme lui demanda comment elle pouvait le remercier.

 

La Maître lui répondit :

 

« C’est moi qui vous exprime ma profonde gratitude que vous m’ayez fait confiance et que, par cette action, vous m’ayez permis de réaliser un acte juste. »

 

La jeune femme s’éloigna et le plus jeune plongea alors avec élégance dans la rivière pour rejoindre son Maître.

 

Puis ils reprirent leur route.

 

Un grand silence s’était installé entre les deux Yogîs. Le plus âgé marchait d’un pas serein.

 

Le plus jeune avait le regard perdu de ceux qui sont en pleine confusion.

 

Au bout d’un moment, le Maître s’assis, se tourna vers son disciple et lui demanda avec un grand sourire.

 

Il est maintenant venu le temps que tu me poses tes questions et que ton esprit s’apaise.

 

« Maître, vous ne savez pas nager ! »

 

« A quoi sert ma pratique de prânâyâma, depuis tant d’années, si je ne lui accorde pas ma confiance ? Sans confiance rien n’est possible. »

 

« Mais nous avons fait des vœux de renoncement ? »

 

« Toi, tu as vu une femme sur mes épaules, moi j’ai ressenti l’apaisement d’une souffrance. Tout est relatif et un point de doctrine doit s’apprécier en fonction de son contexte. »

 

« Maître, comment faire les bons choix dans l’existence ? »

 

« Par la mise en œuvre des principes du Yoga :

l’ascèse personnelle

L’étude de soi par les textes

S’attacher à l’action juste et non aux fruits et aux résultats. 

 

qui apportent avec le temps le discernement et la discrimination, dont découlent l’analyse juste, la pensée juste, l’action juste, la réaction juste. »

 

Le Maître rajouta :

 

« Tu es encore préoccupé par l’image de cette jeune femme sur mes épaules. 

 

Tu es jeune, tes actions sont encore guidées par un mental parfois instable. Un jour, tu auras le discernement de ceux dont les actes sont guidés par une réalité plus profonde.

 

A l’instant où son pied a foulé le sol et qu’elle est partie, cette séquence de vie n’a laissé aucune emprunte dans mon mental.

 

L’action juste ne produit pas de souffrance sur l’instant ni en germe pour le futur.

 

Toute forme de souffrance doit être évitée.

 

Je ne vis pas dans le passé, ni dans l’avenir. »

 

Puis avec un brin d’humour, le Maître ajouta :

 

« Cette jeune femme m’a offert une galette pour me remercier. La refuser l’aurait offensée….

 

Toutes ces émotions m’ont donné une grande faim et toutes tes questions une grande soif…. »

 

Quelques larmes de bonheur coulaient sur les joues du jeune disciple.

 

Elles témoignaient l’expression de sa forte émotion, ces moments rares de la vie où la compréhension d’une vérité fondamentale sur soi-même ou le sens de l’existence proviennent non pas de l’intellect mais du « cœur »….

 

Le Maître et le disciple reprirent leur route vers le soleil couchant.

 

Le jeune disciple regardait son Maître avec une grande admiration.

 

Celui se tourna vers lui avec un sourire et lui posa cette question.

 

« Quelle est la différence entre toi et moi ? »

 

Le jeune disciple n’osait répondre ayant peur d’offenser son Maître.

 

Le Maître rajouta :

 

« Fondamentalement, aucune sur notre nature profonde. J’ai juste emprunté le chemin du Yoga beaucoup plus tôt que toi….

 

Je suis un « passeur ». Aujourd’hui je te transmets ce que j’ai reçu de mon Maître, comme tu le feras un jour à ton tour. Cette transmission existe depuis la nuit des temps ».

 

La nuit avait pris possession du jour mais une grande lumière unissait les deux Yogis, assis quelque part au bord du Gange.

  

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