novembre 2013: la Création dans la pensée du Natha-Yoga - partie n°2

- 1) L’être humain dans la pensée Indienne :

Dans la pensée Indienne, l’être humain n’occupe pas une place privilégiée ou particulière, il s’intègre dans le vaste jeu de la nature et il obéit aux lois naturelles qui régissent le cosmos.

D’autre part, la pensée indienne n’intègre pas dans ses principes la séparation entre l’esprit et la matière, comme dans notre culture judéo-chrétienne.

Par exemple, dans la pensée indienne, le mental (manas..) reste de la matière, fine mais fondamentalement matière tout de même.

Cette approche de la constitution humaine nous permet de mieux comprendre pourquoi par exemple la pratique du Yoga et ses multiples techniques, impactent l’individu dans ses différentes composantes, de la plus grossière à la plus subtile.

Nous avons vu, de manière très synthétique le mois dernier, les différents stades de développement de l’univers du non-manifesté au manifesté.

Ces différentes vibrations énergétiques, du plus subtil au plus grossier, vont à un certain stade de développement entrainer une agrégations de certains principes, fonctions et stades de développement de la matière pour former une entité raffinée et complexe qu’est l’être humain.

Cet être humain, appelé Jivatman, est le reflet de « la totalité consciente » au-delà des principes de dualité et de la non-dualité.

Cette lumière ou Atman, présente en chacun d’entre nous, ne rayonne pas avec plénitude et pureté.

Le reflet est dégradé par le jeu de la grande « Maya » - l’illusion - dont les deux principaux moteurs sont le mental et l’égo.

Tout le but d’une pratique sérieuse du Yoga est de dissiper cette illusion, afin que la « L’Atman» l’amour et compassion du cœur, reflet de la Conscience universelle, puisse rayonner avec béatitude et pureté, débarrassé des différentes colorations personnelles de chaque être humain.

Ces énergies ou substances vibratoires se manifestent à différents niveaux sur le plan humain.

Dans la pensée indienne, l’être humain est une mosaïque composé de fourreaux ou Kosha que l’on peut nommer enveloppe ou corps.

Ils sont au nombre de 5 :

- Ananada maya Kosha : enveloppe ou corps de félicité. Plan sans forme et d’ordre universel.

- Vijnana maya kosha : enveloppe ou corps de conscience individuelle. Plan formel et individualisé, le sens du

Moi.

- Manas maya kosha : enveloppe du corps mental. Les rapports entre le Manas et les sens sont d’ordre

Vibratoire.

- Prâna maya kosha : difficile à traduire pour notre pensée Occidentale. Il s’agit ici du corps de Prana ( le souffle vital de vie ) ou corps énergétique.

- Anna maya kosha : enveloppe matérielle grossière de l’être humain, son corps physique.

Vijnana, Manas et Prâna forment dans la pensée indienne le corps subtil.

- 2) Le corps énergétique « Prana-maya-kosha » :

- Remarques préliminaires :

Dans les temps anciens, « des chercheurs spirituels… » ont joué du scalpel pour ouvrir le corps de certains humains malchanceux à la recherche de leur âme…..

Ils ne l’ont jamais trouvé !

Quand nous abordons des notions comme celle du corps énergétique, il faut d’abord se souvenir que le propos s’inscrit dans une tradition très éloignée de notre mode de pensée occidental ou la rationalité est souvent à l’œuvre dans la manière de conduire sa pensée.

Nous rentrons dans un univers symbolique et métaphysique ou les découvertes exposées résultent de l’ascèse de nombreux Maîtres dont le niveau de réalisation reste exceptionnel.

Les explications données ci-après peuvent donner lieu, selon les traditions à des variations.

Cela n’a finalement pas une grande importance.

Tout chercheur spirituel, construit sa pensée au fil du temps par une pratique assidue et dans l’éthique d’un Natha-Yogî, toute donnée reste une hypothèse tant que la vérité ne résulte pas de l’expérience personnelle.

Toutefois, les grands Maîtres qui ont ouvert la voie méritent un profond respect et si rien ne peut remplacer l’expérience personnelle, le témoignage digne de foi et l’inférence sont des sources de méditation et de pratique que tout pratiquant sincère accepte avec bienveillance.

Les données proposées ci-après au lecteur sont celles communément partagées par les grandes traditions du Yoga.

Le corps subtil est composé de chakra ( centres de forces) , et de nadî, rivières par lesquelles circulent les énergies.

Le Prana ( voir rubrique des mois de décembre 2012 et janiver 2013 ) est le lien entre les différents éléments constitutifs du corps grossier ( Anna maya kosha) et des corps subtils (vijnana, manas, prâna ).

Il faut également noter la présence des âdhâra qui jouent un rôle de lien entre les corps physique, énergétique et mental.

Dans le cadre de cette rubrique nous nous limiterons à la présentation succincte des chakra et des nadî.

♦ Les chakra :

Chakra veut dire roues ou lotus. Cela explique les visualisations réalisées dans une pratique de Natha-Yoga aboutie.

Ces centres de forces sont nombreux dans le corps énergétique mais les pratiques des écoles Natha se concentrent principalement sur les 6 principaux qui sont respectivement :

- Mûlâdhâra chakra ( centre situé près du périnée )

- Svâdisthâna chakra ( centre situé près des organes génitaux )

- Manipûra chakra ( centre situé près du nombril )

- Anahâta chakra ( centre situé près du cœur )

- Vishuddha chakra ( centre situé près de la gorge )

- Ajna chakra ( centre situé entre les deux sourcils )

Dans le symbolisme métaphysique relatif au corps énergétique, les chakra sont placés sur le Meru ( la colonne vertébrale ).

Un point important est à souligner ici sur le fait que cette présentation n’a pas pour vocation de représenter un cours d’anatomie, nous sommes ici dans le domaine de l’analogie pour éclairer le chercheur et le propos ne rentre en aucun cas dans une identification avec des organes et des situations précises du corps physique.

Un principe énergétique ou spirituel demande des sens de perception aiguisés par une longue pratique pour être approché, le Larousse médical n’est d’aucune aide pour le pratiquant….

Les chakra sont représentés symboliquement par une roue ou une fleur de lotus et chaque chakra à une affinité particulières avec un ou plusieurs Tattva que nous avons énumérés ci-avant.

Sur le plan de la pratique du Yoga, l’ensemble des postures, les prânâyama, les concentrations, les mantra etc.….possèdent une affinité avec un centre et leur pratique correcte doit permettre de purifier et d’éveiller les énergies relatives à ce centre, dans le cadre d’un éveil spirituel mais également dans une perspective de bonne santé.

Au cours des prochains mois , nous rentrerons dans le détail de ces chakra car leur richesse permettra au pratiquant de mieux mettre en perspective la pratique des Natha-Yogî et les principes qui sous tendent la spécificité de leur approche du Yoga.

♦ Les Nadî :

Le mot Nadî en sanscrit veut dire nad, à savoir vibrer.

On peut transposer ce mot pour notre compréhension de ce concept éloigné de notre mode de pensée occidental par tube de force vitale ou artère lumineuse.

Elles sont présentes partout dans le corps subtil. Selon les écoles, il y a là encore des variations qu’il faut prendre au second degré pour structurer les objectifs d’une pratique de Yoga.

Le chiffre est symbolique .

72.000 nadî dans le Bhutashuddi Tantra

300.000 dans Prapanehasâra Tantra

350.000 dans la Shiva Samhitâ

Leur point d’origine varie également. Pour certains, elles partent du cœur, pour d’autres notamment les Yogî elles partent d’un nœud situé à coté du centre ou repose la belle endormie, la Kundalinî.

A l’intérieur de ces nadî circulent les courants praniques ou énergies selon des règles complexes, qui tiennent compte des mouvements solaires et lunaires, de l’état de purification du pratiquant, de l’heure du jour etc...

→ La purification des nadî et des énergies qui y circulent est l’un des objectifs les plus importants d’une pratique de Natha-Yoga, ceci dans la perspective d’une démarche spirituelle mais également dans le but d’avoir une bonne santé.

Parmi toutes ces nadî, 14 sont particulièrement importantes et 3 d’entre elles se détachent nettement de par leur importance dans la pratique du Yoga.

Au cours des prochains mois nous rentrerons également dans le détail de ce concept des nadî, car cela permettra au pratiquant de mieux mettre en perspective la pratique des Natha-Yogî et notamment celle relative au prânâyâma.

- 3) Conclusions provisoires….dans la perspective du Yoga :

Une once de pratique, vaut mieux qu’une tonne de théorie ! nous dit le Sage…

Le chemin qui mène à la découverte de l’univers intérieur est long, parfois brumeux et obscur.

L’un des traités qui traite du Yoga ( ils sont nombreux….) est le Hatha-Yoga Pradîpikâ.

L’une des manières de le traduire est «la petite lampe » du Hatha-Yoga…)

Tout pratiquant en chemin a besoin d’être éclairé sur sa route, d’une manière ou d’une autre.

Les grands Maîtres du Yoga ont, par leur ascèse personnelle, découvert des subtilités sur notre univers intérieur qui se situe au de la logique rationnelle de notre mental, même si cet outil est indispensable dans un premiers temps pour se mettre en chemin.

Au cours de cette année, nous allons continuer à parler du corps énergétique et rentrer encore un peu plus dans le détail en abordant les centres d’énergie et les nadî qui font l’objet d’une attention particulière dans toutes les pratiques du Natha-Yoga.

Le but de toutes ces pratiques est d’éveiller « la belle endormie », cette énergie présente en chacun d’entre nous qui se nomme la Kundalini, mais nous en reparlerons.

BONNE ROUTE…..